Les entrevues Bedeka: Jacques Lamontagne, Auteur

Publié le par Eric Lamiot

Publiée le 06-06-2006

 

 

 

Devant le succès de la série Druides, dessinée par Jacques Lamontagne (Istin, Jigourel, Lamontagne, Ed. Soleil), et avant la commercialisation du tome 2, Bedeka.org a demandé à Jacques Lamontagne de nous parler de son expérience, de sa façon de travailler, et plus généralement de la bande dessinée.

 

 

Que penses tu du succès de la série Druides ?

 

Ayant été habité par une certaine nervosité durant l'année investie à la production des Druides, je dois avouer que ce fut comme un baume de constater la bonne réception de mon tout premier album par les lecteurs.

Lorsque l'on produit un album, il faut patienter des mois avant de connaître le verdict final. Une fois celui-ci sur les tablettes, on se voit confronté à la critique, bonne ou mauvaise. Alors, bien sûr que je fus transporté de joie en apprenant les performances de ce premier tome.

 

 

 Tu fais de l'illustration, du dessin publicitaire, de la bande dessinée… Qu'est-ce qui motive tes choix ?

 

Les sous...En réalité, je ne fais à peu près plus de travaux destinés à la publicité, et ce par choix. La pub est un milieu ingrat, mais payant. Je préfère de loin faire de l'illustration d'édition et bien entendu, de la BD qui me nourrissent davantage artistiquement.

 

 

Comment en es tu arrivé à faire ce métier ?

 

Par paresse! J'avais envisagé bien des directions professionnelles mais j'ai opté pour la facilité. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours dessiné. Ce fut donc relativement facile de considérer l'option des arts au sortir du secondaire.

 

 

 Si on va sur ton site internet, on trouve une belle brochette d'illustrations de styles variés. Quel est ton style propre ?

 

Il y a 20 ans, on se facilitait beaucoup la vie en tant qu'illustrateur en adoptant plusieurs styles. Ceci est vrai surtout en  étant installé dans une petite ville comme Québec. Ce qui m'a forcé à explorer divers styles et techniques afin de décrocher plus facilement des contrats. Je dirais que je suis plus à l'aise vers quelque chose qui tend vers le réalisme.

 

 

 Quels sont tes outils de travail ?

 

Un crayon, du papier, un ordinateur, une tablette graphique, du café, beaucoup de café et de la patience.

 

 

Est-ce que tu travaille avec un horaire régulier, ou quand tu sens l’inspiration ?

 

Je sui très rigoureux quant à mon horaire de travail. Je commence le matin à 7h30 et je poursuis jusqu'à 16h00. Il m'arrive de déborder le soir et les week-end mais beaucoup moins qu'auparavant.

 

 

 Est-ce que tu te considère comme polyvalent ?

 

Je crois que ce qualificatif colle assez bien au type de dessinateur que je suis.

 

 

 Comment se passe la collaboration avec les autres auteurs pour Druides ?

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître vu que mes scénaristes sont de l'autre côté de l'Atlantique, formidablement bien. Ils habiteraient à quelques kilomètres de chez moi que ça ne changerait pas grand chose, tout cela grâce à internet.  Bien sûr, j'aimerais quelquefois être plus près d'eux afin que l'on puisse échanger face à face devant un bon rouge. Mais, vu les circonstances, je considère cette collaboration excellente.

 

 

 As tu ton mot a dire sur le scénario ?

 

Lorsque quelque chose m'agace ou que je sens moins, oui, j'en parle à mes co-auteurs. Tout dernièrement, j'ai fait modifier une scène car je considérais qu'il y avait un manque dans le récit. L'inverse est aussi vrai. Mes scénaristes ont un mot à dire sur mes dessins. L'idée derrière cela est de bonifier au maximum l'album.

 

 

Dans certaines planches, il y a des cases qui occupent toute la largeur de l’image. Les autres sont en parties superposées dessus, ce qui donne une impression de profondeur remarquable. D’ou vient cette idée ?

 

Bah, je crois pas que l'on ait rien inventé avec l'utilisation de ce type de cases. Mais ce qu'il faut savoir c'est que l'on s'était mis d'accord Jean-Luc Istin (co-scénariste et directeur de collection) et moi au début du projet sur l'utilisation de cases très longues, très cinématographiques. Nous sommes tous deux de grands consommateurs de cinéma.

 

 

 La série semble très bien documentée. Qui s'occupe de cette documentation (langage, habitats, vêtements, mœurs…) ?

 

Essentiellement Thierry Jigourel. Cette période de l'histoire et surtout la culture Celtique sont fort peu documentées. Thierry est une véritable encyclopédie en la matière et c'est sur lui que je me repose pour les questions pointues. Pour le reste, monsieur Google m'est fort utile.

 

 

Il y a actuellement en Europe un grand retour aux cultures régionales, dont la culture celtique. Est-ce un thème qui t’intéresse personnellement ?

 

Non, pas particulièrement. Ce qui m'a accroché lorsque l'on m'a présenté le projet de « Les Druides », c'est le côté thriller historique et le parallèle que l'on m'en avait fait avec le roman d'Umberto Eco, le nom de la Rose. J'aime les ambiances feutrées, les clairs-obscurs, le climat de mystère que l'on peut  retrouver dans ce type de récit.

 

 

 Quels sont tes projets actuels ?

 

Pour l'instant, je travaille bien sûr à la finalité du tome 2 des Druides. J'ai à compléter des planches pour le collectif des contes de l'Ankou. Il y a d'autres projets dans l'air. Mais pour l'instant, l'éditeur chez Soleil veux profiter du succès de la série et sortir assez rapidement les 3 premiers tomes des Druides. Donc, je me concentre surtout sur ce projet.

 

 

 A quand la sortie du tome 2 ?

 

Si tout va bien, je termine le tome 2 à la fin de juillet 2006 et la sortie est prévue pour début septembre en France.

 

 

Tu fais partie des auteurs Québécois  publiés en Europe. Considères tu que c’est une finalité ?

 

Je crois qu'en tant qu'artiste, il n'y a jamais de finalité. Y'a plein de choses que je désire explorer avec le médium de la BD. Être publié en Europe était un rêve de jeunesse. J'aimerais me voir éditer également du côté des USA, mais leur approche de la BD est un peu moins près de celle que j'affectionne.

 

 

Qu’est-ce que tu pense de la production BD au Québec aujourd’hui ?

 

Y'a des choses formidables qui se produisent au Québec. Avec les moyens que ces petites maisons d'édition possèdent, ils font des miracles. J'admire le travail fait par Jimmy Beaulieu, un passionné. Je n'ai qu'un souhait, qu'ils parviennent à faire connaître à encore plus de gens par leurs publications.

 

 

 Quand tu relis le premier tome de Druides aujourd'hui, quelle critique en fais tu ?

 

Je suis très, voir même trop critique envers mon travail. Avec un certain recul, j'ai peine à apprécier ma production. Donc, lorsque j'ouvre mon tome 1, mon oeil s'attarde uniquement sur les mauvais plutôt que les bons coups. Certains découpages, certaines attitudes de personnages seraient à revoir. Mais semble t-il qu'il faut accepter ces petites choses car c'est la preuve qu'il y a une progression dans notre travail lorsque l'on est à même de relever ses fautes.

 

 

Comment se passent les rencontres avec ton public lors des séances de dédicaces ?

 

Pour moi ces rencontres sont plus que nécessaires, elles sont vitales. Au delà des considérations mercantiles, il y a ces rencontres magiques avec les lecteurs. Ce moment qui permet de connaître la réaction des gens par rapport à son travail. C'est formidable de réaliser que des  personnes regardent et apprécient ton travail. Que les petits détails que tu avais fait et dont tu croyais qu'ils passeraient inaperçus, ont en réalité été vus.

 

 

Est-ce que cela te tenterais un jour de scénariser ou co-scénariser ta propre série (ou ton propre album) ?

 

Je travaille présentement à un projet personnel. Mais vraiment à temps perdu. Oui, cela me tiendrait beaucoup à coeur d'écrire et dessiner certains projets.

 

 

 Quels sont tes coups de cœur, tous domaines confondus ?

 

Le nom de la rose, allez savoir pourquoi. L'oeuvre de Marcel Pagnol et de Claude Seignolle. Gibrat et ses belles de la seconde guerre mondiale.

 

 

Quelle est la question que je n’ai pas posée et à laquelle tu rêve de répondre (et quelle sera ta réponse) ?

 

Diable...Pourquoi Jacques es-tu si beau? LOL

Plus sérieusement, j'aimerais parler de mes premières lectures, celles qui m'ont intéressées à la BD. Avant même de savoir lire, j'ai connu "Martin le Malin" Petite BD vraiment moche mais qui ne coûtait que quelques sous et était publiée par un  éditeur Flamand. Bien sûr Tintin, qui m'a ouvert les yeux sur le monde et m'a transporté dans des magnifiques histoires.

 

Bedeka.org te remercie beaucoup pour le temps et la patience que tu nous a accordé. Nous te souhaitons de grands succès, à la fois pour « Les Druides » et les projets associés, mais aussi pour tes projets personnels.

Pour plus d’informations : http://www.jacqueslamontagne.com/  et http://www.soleil-lesite.com/index.php

 

Publié dans Entrevues Bedeka

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